Simon-Pierre HAMELIN, écrivain en résidence d’écriture à la Maison Jules Roy, à Vézelay.

Simon-Pierre HAMELIN est né en 1973, à Paris. Dans les années 90, il séjourne en Inde, puis en Russie post-soviétique. Il est l’auteur de nombreux textes publiés en revues, et d’un roman, « 101, rue Condorcet, Clamart » (Ed. de La Différence, 2013). Actuellement, il travaille à l’écriture d’un prochain roman dont l’action se situe entre Russie et Cameroun. Installé depuis plus de quinze ans au Maroc, à Tanger, il dirige la mythique Librairie des Colonnes.

Nous l’avons rencontré à la Maison Jules Roy, à Vézelay, alors qu’il y termine une résidence d’écriture qui aura duré deux mois au cours desquels il aura connu « de grandes heures d’amitiés et de créations« , avant de regagner début juin prochain, « la ville-monde vigie du Détroit de Gibraltar« .

Pour écouter l’émission :

 

L’auteur évoque la « capitale de (s)on refuge« , Tanger, « cité littéraire avant tout comme il en existe peu » et qui est « un des derniers refuges pour les poètes et les rêveurs« . Non loin, la ville de Larache abrite, en son cimetière, les sépultures de deux grands écrivains du siècle : Jean Genet et Juan Goytisolo. « Ainsi qu’on le fait en Russie, je passe régulièrement quelques heures sur les tombes de Choukri, Genet, Goytisolo, McPhilipps. Je fais mes libations et verse un peu de vodka sur leur pierre tombale. »

Libraire passionné et engagé, il dénonce et abhorre « les marchands du temple, la civilisation de l’automobile et de l’écran tactile, tous les gratte-papiers, les bonimenteurs aux ordres des dictatures modernes de l’esprit« . Selon lui, la littérature doit continuer « à enchanter le monde » et s’appuyer sur un combat poétique et politique.

Écrivain et éditeur, Simon-Pierre HAMELIN dirige sur le Boulevard à Tanger, la Librairie des Colonnes, fondée par Robert Gérofi en 1949, un archéologue belge qui tenait correspondance avec André Gide. Jean Genet venait y chercher les cachets envoyés par Gallimard, Tennesse Williams, Truman Capote s’y donnaient rendez-vous, les époux Bowles s’en servait de boîte aux lettres, Choukri (auteur du « Pain nu » qui fut interdit au Maroc durant vingt ans) venait y emprunter des livres, Mohamed Mrabet y a exposé ses fantasmagoriques peintures et dessins, et passe toujours une fois par semaine saluer l’équipe.

Auteur d’un texte inédit, « Le syndrome de Tanger« , Simon-Pierre HAMELIN évoque ce syndrome qui est une variation de celui de Jérusalem qui toucha beaucoup d’écrivains du XIXe siècle durant leur séjour dans la ville sainte, aujourd’hui appelé « syndrome du voyageur ». Le syndrome de Tanger a ceci de particulier que les obsessions sont principalement focalisées sur la chose littéraire. Simon-Pierre HAMELIN raconte avoir accueilli dans sa librairie d’étranges personnes qui se croyaient un autre et qui s’inventaient personnage de roman, de théâtre ou de cinéma. N’a t-il pas reçu le roi d’Ecosse ou Issa (Jésus en arabe) ! Et d’ajouter qu’il y a aussi vraisemblablement un syndrome de Vézelay !

« Lettres à F. de Tanger » offre une originale et audacieuse correspondance entre la France et l’écrivain installé à Tanger. Ce subtil échange épistolaire est pétri d’amour, de reconnaissance, de manque, de déception, de reproches, de pardon impossible voire de dégoût pour se solder par un divorce. « Qui de nous deux a trahi l’autre ?« 

Ce texte percutant, et d’une actualité certaine, porte, venu de l’autre côté de la Méditerranée,  un regard sur notre patrie, « mot qui est devenu (…) une utopie très brumeuse« . Il dénonce avec force, et sans détour, les manquements et les erreurs coloniales et actuelles d’une France, « nation de proie » injuste et très peu  reconnaissante de ses populations issues de l’immigration nord-africaine (« Si c’est devenu l’usage, à partir de quel nombre de victimes aurons-nous droit de parler de crime contre l’humanité ? « ).

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