Hommage à Serge MOREAU. 2ème et dernière partie.

Émission hommage à Serge MOREAU (2e et dernière partie) disparu, fin mars 2022, dans sa 93e année. A cette occasion, nous avons recueilli le témoignage de son éditeur Gérard GAUTIER qui publia, en 2003, son premier roman, « Un petit train noir au temps des doryphores » (Ed. de L’Armançon). Cet ouvrage raconte  l’Occupation  sur  la butte Montmartre  et  dans  un  village  icaunais  qui  ressemble  à Noyers  sur  Serein.

A cette occasion, nous vous proposons un entretien inédit avec Serge MOREAU, enregistré à Avallon en 2010 .

Pour écouter l’émission 

 

Serge MOREAU évoque les parcours d’artistes comédiens ou intellectuels français durant l’Occupation. Certains allèrent chanter en Allemagne pour les prisonniers français (Lys Gauty, Maurice Chevalier). D’autres poursuivirent leurs activités de créations dans notre pays occupé. Germanophile, Jean Cocteau entretint de solides relations avec Arno Brecker, le sculpteur officiel du Reich. Sacha Guitry continua à composer des pièces de théâtre, et parvint, grâce à ses relations, à sauver de nombreuses personnes. Le comédien Charles Vanel arbora la francisque à son veston durant toute l’Occupation, et ne fut aucunement inquiété en 1944.

A la Libération, Jean Marais, qui avait fait son service militaire, s’engagera comme chauffeur dans la 2e DB.

Adjudant-chef et chef de char dès 1943, Jean Nohain (originaire d’Entrain sur Nohain, dans l’Yonne), engagé comme dans l’armée de la Libération, perdit un œil. Il sera décoré de la Croix de guerre. Son frère, le comédien Claude Dauphin sera, lui, officier-interprète. Il débarquera en Provence le 15 août 1944.

Serge MOREAU évoque Joséphine Baker et le comédien Louis Jouvet (qui, durant les 4 ans de l’Occupation, s’exila en Amérique du Sud, car interdit d’enseigner le théâtre au Conservatoire à Paris).

L’entretien revient aussi sur le parcours de Jean Gabin (de son vrai nom, Jean Moncormier) qui rejoignit les Forces Françaises Libres, après avoir un tant séjourné aux Etats-Unis, avec l’héroïne de L’Ange bleu, Marlène Dietrich.

Le parcours d’Arletty est abordé, ainsi que ses déboires à la Libération pour s’être entiché d’un officier allemand et avoir été l’amie de Renée Laval. Accusée de « collaboration horizontale », elle aurait, lors de son procès, dit au Président du tribunal : « Mon cœur est français, mais mon cul est international« . Elle sera contrainte à dix-huit mois de résidence surveillée en Normandie, après un passage éclair dans une prison de la Conciergerie, puis à Drancy.

De nombreux réalisateurs et artistes français furent inquiétés à la Libération pour avoir, notamment, travaillé avec la compagnie de cinéma allemande, la Continental.

L’émission met en avant certains épisodes historiques, évoqués par Serge MOREAU dans son roman « Un petit train noir au temps des doryphores » (Ed. de L’Armançon, 2003), et qui ont un lien avec le Tonnerrois et la Libération de Noyers sur Serein. Il y est question du bombardement de Tonnerre, le 25 juin 1944; une erreur de l’aviation qui endeuilla la cité du Chevalier d’Éon (sept enfants, qui préparaient alors, dans l’église de la ville, leur première communion, y trouvèrent la mort).

Serge Moreau se rappelle le très jeune docteur, adjoint du commandant Verneuil responsable de secteur, à la tête d’un groupe de résistants à Mailly la Ville (89). Il y est aussi question d’ événements liés à la Libération de Noyers sur Serein, début août 1944. Notre invité raconte ce qu’il a personnellement vécu (il avait 15 ans en 1944) et se rappelle fort bien les exécutions pour faits de collaboration de certaines personnes par les résistants : « J’ai compté dix sept personnes de mort violente« .

« Les derniers Allemands que j’ai vus à Noyers sur Serein étaient des soldats de l’AfricaKorps. Ils étaient encore en short, ils n’avaient même pas de quoi s’habiller. Je les revois encore. Des tout jeunes, guère plus vieux que moi. »

Serge Moreau se remémore l’arrestation, le 3 ou le 4 août 1944, de tous les hommes de Noyers sur Serein (âgés de 15 à 75 ans; Serge et son père instituteur en étaient) pour y être rassemblés sur la place principale du village : « On a piétiné sur la place de Noyers, à partir de cinq heures du matin jusqu’à midi et demi . Il faisait une chaleur incroyable. On a fait aligner tous les hommes sur deux rangs, et deux officiers allemands (un jeune, un SS, semble-t-il, un nazi total et un vieux, disons, pour l’image, plutôt style autrichien qui en avait marre de la guerre) ont contrôlé tous nos papiers…« 

Autre page historique locale : la « capture » des portraits de Pétain et Laval accrochés aux murs de la Poste de Noyers sur Serein (en août 1944), et que la population voulait symboliquement fusiller .

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