L’auteur-compositeur-interprète était devenu un ambassadeur de la culture wallonne et avait derrière lui une riche carrière de plus 50 ans. Il vivait à Tourinnes-la-Grosse depuis de longues années. Auteur de 49 albums dont le dernier, « Le balbuzard fluviatile », était sorti en 2012, cet apôtre de la tolérance, ou « collectionneur d’arcs-en-ciel » selon ses propres mots, était aussi poète, sculpteur et comédien.

Né le 27 juin 1936 à Bruxelles, le jeune Julos a grandi à Écaussines (Hainaut). Il apprend le wallon en écoutant les conversations de son père, un marchand de machines agricoles. Après ses humanités au collège Saint-Vincent de Soignies, il commence plusieurs études qu’il ne termine pas, dont celles de philologie romane, puis suit des cours de mime. Pour vivre, il exerce un tas de métiers différents, de professeur de gymnastique à placeur d’antennes de télévision.

Ci-dessus, Julos BEAUCARNE, à Lormes (58), en juillet 2010.

Sa carrière de chanteur débute en 1961 en Provence: pour payer la réparation de sa voiture, Julos Beaucarne se produit sur les places publiques, performance qu’il réitérera plusieurs étés au vu du succès rencontré. Il décroche également des rôles de comédien pour divers théâtres belges et compose des musiques de scène, dont celle de la pièce « Une poire pour la mort » d’Henri Sauvage, qui parait en 45 tours en 1964. Il publie ensuite plusieurs albums, sur lesquels il chante tant des textes personnels que des poèmes de Max Elskamp, Guillaume Apollinaire ou Victor Hugo.

En 1970, il s’installe à Tourinnes-la-Grosse, village du Brabant wallon où il vivra jusqu’à son décès.

En 1974, son sixième LP intitulé « Front de libération des arbres fruitiers » devient disque d’or. Le titre marque son opposition à des mesures européennes qu’il juge néfastes pour l’environnement.

La nuit du 2 au 3 février 1975, un drame chamboule à jamais la vie de l’artiste: un déséquilibré tue sa femme à coups de couteau et le laisse seul avec ses deux enfants. « C’est la société qui est malade. Il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre, par l’amour, et l’amitié, et la persuasion », écrit-il au lendemain du meurtre dans sa « Lettre ouverte dans la nuit« .

Son premier recueil de poésies, « Julos écrit pour vous », sort peu de temps après aux éditions Duculot. L’homme reçoit de nombreux prix pour l’ensemble de son œuvre, dont le prix de l’Académie Charles Cros.

En 1981, le chanteur enregistre « La p’tite gayole » et adapte plusieurs chansons du folklore wallon. Il tourne ensuite notamment au Québec, au Mexique, au Maroc, en Algérie et en Inde.

En 1993, Julos Beaucarne chante lors des funérailles du roi Baudouin.

En 1999, il érige 36 « pagodes post-industrielles » à Wahenge, près de chez lui, à l’aide de tourets en bois récupérés. « Le constructeur de pagodes, de temples et de tours, médite sur la verticalité, il récupère les matériaux usés dont plus personne ne veut, il les empile à la manière des enfants », explique l’inventeur dans une chanson.

En 2002, il est nommé chevalier par le roi Albert II. Il joue dans le film « Le mystère de la chambre jaune » de Bruno Podalydès et, deux ans plus tard, dans « Le parfum de la dame en noir » du même réalisateur.

En 2005, il imagine les courts textes de 48 panneaux de signalisation installés le long de l’autoroute E411, panneaux destinés à mettre en valeur le patrimoine wallon de manière poétique. « Ces panneaux font de moi le poète le plus lu de Belgique », aime-t-il à répéter.

En 2006, l’homme subit un pontage coronarien qui le contraint à reporter plusieurs concerts. Il parvient tout de même à fêter ses 70 ans en public quelques mois de repos plus tard.