Virginie DUPEYROUX pour « Amiante et mensonge : notre perpétuité. Journal de Paul et Virginie » (Ed. Vérone).

Entretien avec Virginie DUPEYROUX pour « Amiante et mensonge : notre perpétuité. Journal de Paul et Virginie » (Vérone édition, 2018). Les droits d’auteur de ce livre témoignage sont intégralement versés à l’association Ban Asbestos France (créée en 1994, et qui veut dire « bannir l’amiante »). Préface de Annie Thébaud-Mony, sociologue et chercheur en santé publique.

Virginie Dupeyroux est fille et petite-fille de victimes environnementales de l’amiante et de mésothéliome, c’est-à-dire de ce cancer spécifique qui touche la plèvre, le péritoine ou le péricarde et qui est vraiment le signe d’une exposition à l’amiante.

En effet, Paul, le père de Virginie Dupeyroux est mort en 2015, à l’âge de 73 ans, des suites de ce cancer. Il a été contaminé dès l’enfance par le CMMP (Comptoir des Minéraux et Matières Premières), une usine produisant de l’amiante à Aulnay-sous-Bois et qui a fonctionné de 1938 à 1975, au milieu de trois écoles. 

Pour écouter l’émission

 

Même si l’amiante a été interdit en France en 1997, chaque jour en France, il y a 10 morts en raison de l’amiante, plus de 100 chaque jour dans le monde. « On n’en parle plus. Pour la plupart des gens, c’est un scandale qui est oublié. Non seulement, ça continue, à cause du temps de latence, mais encore il n’y a pas de traitement, alors que les traitements actuellement proposés ne sont pas efficaces. Et puis surtout, il n’y a pas de procès pénal. Au civil, certes, tous les procès sont gagnés. En revanche, au pénal, il n’y a rien, il n’y a pas de procès. »

L’amiante a été interdit en 1997 en France, notamment grâce à Henri Pézerat (toxicologue et chercheur au CNRS) qui est à l’origine de la lutte contre l’amiante initiée au début des années 70, en dénonçant ce crime social, évoquant notamment la faculté de Jussieu Paris bourrée d’amiante.

Alors y a-t-il des coupables ? « Dans sa préface, Annie Thébaud-Mony, à juste titre, parle de négligences coupables. Cette affaire de l’amiante touche surtout la catégorie ouvrière. et on a affaire à une médecine de classe. (…) Oui, bien sûr, il y a des gens qui sont coupables. Il y a des professionnels de santé qui vont être honnêtes, mais qui ignorent que, pour qu’une victime puisse bénéficier de ses droits, il lui faut un certificat médical initial qui ouvre à la reconnaissance en maladie professionnelle, et tous les médecins ne le savent pas. Et puis il y en a d’autres, à l’opposé de ces médecins honnêtes, qui vont faire preuve, comme ceux à qui on a eu affaire, de malhonnêteté, c’est-à-dire qu’ ils vont mentir sur le protocole, vont affirmer que le traitement va fonctionner alors que ce n’est pas le cas. On a souvent affaire à des médecins hospitaliers ou en cabinets privés qui ont été médecins du travail dans des entreprises où l’amiante a été massivement utilisée, et qui, pour ne pas se mettre en porte-à-faux avec les entreprises qui les employaient, ont sciemment menti. »

L’auteur Virginie DUPEYROUX, aux côtés de Paul, son père, qui découvre son cadeau : un livre d’Alexandre Marius Jacob. (Archives de l’auteur, et avec son accord).

Liens utiles :

Editions Vérone.

Ban Asbestos France. Association de lutte contre l’amiante.

Site de Virginie Dupeyroux

 

Cet entretien a été enregistré à l‘Hôtel Avallon Vauban, le 11 janvier 2020. Merci à Christiane et Dominique Barbe, gérants de cet établissement pour leur accueil.

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1 réponse

  1. Lecoeuvre Henri dit :

    Merci Yannick Petit d’avoir reçu ma grande « Amie  » Virginie Dupeyroux pour ce témoignage radiophonique qui relie son parcours et mémoire de sa famille, son père Paul, sa grand-mère.
    Henri, salarié du bâtiment en rénovation de bâtiment d’élevage en Bretagne. Confronté à de nombreuses expositions à des matériaux amiantifères. Adhérent Henry Pezerat.

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